Essai de lumière entre lignes, images et sons

Biographie (1)

 

Robert Loï sans filtre vu à travers quelques entretiens

Patricia Signorile

Parcours de vie, vie du parcours

Photographe, auteur(1), chanteur, parolier Sacem, compositeur et mélodiste (2) d’origine sarde, né à Marseille au milieu des années 60, Robert Loï pose très tôt un regard d’observateur sur la ville et ses habitants.

L’enfant, pourtant sage et studieux, ne résistera pas longtemps à l’appel de la rue et s’éloignera de sa scolarité dès sa onzième année. À vrai dire, il s’agit d’une période de « répulsion paradoxalement attractive » qui va nourrir son imaginaire et son devenir. Car pour ce lecteur et cinéphile précoce, avide de connaissances, la rue ne sera pas la seule école : il apprendra beaucoup à travers la littérature et le cinéma.

Après de multiples expériences, dont un retour sur les bancs de l’université à l’âge adulte, quelques rencontres décisives feront de lui un marcheur autodidacte, qui explorera de nouveaux chemins. Il donnera alors toute sa dimension et sa fulgurance au poème d’Antonio Machado Voyageur il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant (3). Désormais, le marcheur qu’il a choisi d’être, chemine à travers de multiples registres. L’art photographique, l’écriture en ses divers genres (poésie, chant et texte de chansons…) seront ses mantras.

 

Du cinéma à la photographie

Enfant et adolescent, il regarde à la télévision, sans faillir en dépit de l’heure tardive, le Cinéma de Minuit. Il y apprend beaucoup à propos de l’humanité et de la ville dans son inhumanité latente, ville qui lui servira plus tard de décor dans la théâtralisation de ses mises en scène photographiques. Parmi ses cinéastes favoris se rencontrent par ordre d’importance (mais la liste est loin d’être exhaustive) Jean-Pierre Melville et ses « histoires policières faites de trahisons, de faux-semblants et se déroulant dans des ambiances urbaines ». D’autres encore comme Marcel Pagnol en qui il admire le précurseur du courant néoréaliste italien, Julien Duvivier, John Huston, Henri Georges Clouzot pour son regard féroce sur les rapports humains, mais aussi Jacques Becker, Sergio Leone, Howard Hawks, Anthony Mann, Martin Scorsese, John Ford, Brian de Palma, John Carpenter, Takeshi Kitano…

En juin 2004, après 10 années de recherches, Robert Loï crée un site web dédié à une encyclopédie du cinéma. Il s’agit d’une base de données considérable (à l’époque la troisième en langue française sur le plan mondial, en termes de données indexées), un savoir accumulé depuis de nombreuses années qu’il souhaite faire partager. L’expérience dure jusqu’en mars 2007. Les chiffres sont impressionnants : 18172 fiches films dont 3446 illustrées par une affiche ou des photos, 79017 fiches artistes dont 1294 illustrées par une photo, 258128 correspondances films/artistes en lien hypertexte, 4094 résumés de films. Puis en 2007, la charge de travail devenant écrasante, il met un terme à cette aventure et vend l’ensemble de ses travaux à une société de média.

Progressivement il tournera une page de sa vie et « apprivoisera la ville », définitivement cette fois-ci, par le biais de la photographie pour se retrouver et proposer une interrogation issue d’une pensée visuelle urbaine. De plus, la même année, pour exprimer ses sensibilités, il crée un blog dédié à l’écriture. Quoi qu’il en soit, Robert Loï n’est plus désormais un spectateur devant un écran, mais un metteur en scène-cadreur qui a retenu les leçons du cinéma.

En même temps qu’il diversifie son activité, il élargit son champ d’action tout en conservant les mêmes thématiques visuelles. De janvier 2008 à mars 2011, une série d’expositions ayant pour titre : Couleurs urbaines,  Décryptages urbanistiques et clôturée  par Marseille en noir et couleurs qui connut un grand succès à la bibliothèque de l’Alcazar au point d’être prolongée durant une semaine, donnent à voir et à penser au public. Depuis de nombreuses autres expositions ont suivi.

Puis Robert Loï, l’œil toujours rivé à son appareil, exercera également la fonction de directeur de la photo sur le tournage d’un court-métrage réalisé à Paris par Adrien Lhoste, L’ennui d’un jour. Mais pour ce photographe, tout est toujours prétexte à photographier... Il en profite pour poursuivre la recherche qu’il a débutée à Marseille, sa ville natale. Paris, Bruxelles, Lisbonne et d’autres métropoles servent de décor à de nouveaux travaux qui témoignent d’une réelle maturation. Ceux-ci, dans le courant de l’année 2012, sont montrés au public par le biais d’une nouvelle série d’expositions durant laquelle il décrochera le prix « Serge Assier Couleurs » aux « Cinquièmes Rencontres Photographiques de Marseille (CRPM) » et d’un site web dédié qui perdure.

Des universitaires comme Giorgio Pigafetta (4) et Patricia Signorile (5), s’intéressent à son travail dans les années 2010, travail qui est quasiment une quête existentielle visuelle de nature universelle. Ils y perçoivent un questionnement fondamental relatif aux modalités de « l’habité » du citadin et à celui de la ville contemporaine qui se transforme.

En partenariat avec l’association « Photos-Littera », Robert Loï organise en 2014, 2015 et 2016, les ateliers d’écriture « Des mots pour une image », invitant à écrire autour de ses photographies »(6)

 

(1) Bibliographie

(3) Antonio Machado, extrait de Champs de Castille et autres textes, traduction de Sylvie léger et Bernard Sesé, Poésie/Gallimard n° 144, 1981.

(4) Georges Pigafetta, Université de Gênes (Italie), enseignant honoraire et architecte. Son abondante bibliographie se divise en trois axes principaux de recherche: la relation entre l’esthétique et l’architecture, l’histoire de la mécanique dans les traités de l’époque moderne, les théories architecturales contemporaines. Outre une production éditoriale spécifiquement consacrée à l’architecture, il est l’auteur de nombreux essais dans lesquels il analyse les arts selon des modalités pluridisciplinaires. https://www.libreriauniversitaria.it/libri-autore_pigafetta+giorgio-pigafetta+giorgio.htm

(5) Patricia Signorile, Université d’Aix-Marseille (France), maîtresse de conférences habilitée à diriger des recherches, département d’arts plastiques, arts lettres-langues et sciences humaines (ALLSH), chercheuse au Laboratoire d’études des sciences des arts (LESA). Ses recherches portent sur les processus de création artistique en interaction avec le cadre de la culture et de la société qui la produit. Philosophie et science de l’art, esthétique, littérature, peinture, dessin, architecture, photographie, sont ses objets d’étude. Elle est l’auteure de nombreux articles et essais pluridisciplinaires.

https://www.lgdj.fr/auteurs/signorile-patricia.html

https://www.amazon.fr/Livres-Patricia-Signorile/s?rh=n%3A301061%2Cp_27%3APatricia+Signorile

Les photographies de la ville saisies par Robert Loï ont donné lieu avec Patricia Signorile à des projets de collaboration éditoriale.

(6) Ateliers d'écriture sur Photos-Littera :
Palmarès 2014
Palmarès 2015

Palmarès 2016

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Article publié sur HAL 

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