23 Février 2018
Le souffle, je l’ai perdu un vendredi, un jour où il ne pleuvait même pas.
Je l’ai perdu un vendredi, mais s’étiolait depuis longtemps déjà.
Je ne voulais pas le voir, pas y croire.
Avec lui, la bête est partie.
Toute entière, quittant d'une seule pièce le corps et l'esprit tel un fauve désincarné.
Glissant dans la nuit et se retournant le regard apitoyé vers l'âme vide
Une ultime fois.
Comme pour dire qu'elle n'aurait pas voulu mais qu'elle n'avait plus le choix.
Partie la bête, emportant avec elle la puissance de ses instincts les plus sauvages.
Ceux qui restent longtemps tapis dans l'ombre et se déploient pour bondir sur la proie.
Sans haine, rien que pour survivre.
Antagonismes de l'empathie, la douceur et l'altruisme.
Antagonismes sans lesquels les nobles sentiments n'existeraient pas.
Ces enfers et ces ciels qui doivent fusionner ou cohabiter en permanence pour l’équilibre du monde, des êtres.
Sinon ce sont des monstres ou des faibles, des hydres ou des anges. Sans nuance.
Cette part obscure qui permet de lutter et survivre.
Et quand on l’apprivoise, qui sait faire frémir la biche rien qu’en soufflant sur sa peau.
je l’ai perdue un vendredi, un jour où il ne pleuvait même pas.
Texte et photographie : ©Robert Loï – Tous droits réservés
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